Les moteurs de véhicules de Formule 1 peuvent rivaliser en matière de précision du régime.
Professeur Michael Bargende
Professeur Michael Bargende, Chaire des systèmes de propulsion de véhicules à l’institut des moteurs thermiques et de l’automobile de l’Université de Stuttgart

Professeur Bargende, vous avez longtemps développé des moteurs pour Daimler. Vous êtes donc un expert des gros moteurs puissants. Votre chaire travaille également en étroite coopération avec STIHL depuis plus de 20 ans : Vous organisez régulièrement des visites en usine, et supervisez des mémoires de master externes. Qu’est-ce que cela vous fait de travailler maintenant sur de petits moteurs de tronçonneuse, après les moteurs de huit ou douze cylindres et de 500 ou 600 ch ?

Professeur Bargende : cela n’a rien de dévalorisant. Pourquoi serait-ce le cas ? Le principe est le même, qu’il s’agisse d’un moteur de tronçonneuse ou d’un moteur douze cylindres Ferrari : on retrouve un cylindre et un moteur deux temps.

Mais les exigences sont forcément plus élevées pour une voiture à 50 000 euros, n’est-ce pas ?

Je ne suis pas d’accord. C’est précisément le niveau de prix qui représente un énorme défi pour les développeurs de tronçonneuses. La pression en matière de coûts est effet beaucoup plus forte pour un appareil portable pouvant coûter au maximum quelques centaines d’euros que pour un moteur de véhicule. L’injection directe, que STIHL sera bientôt le premier fabricant au monde à commercialiser sur l’un de ses modèles, représentait un véritable défi en termes de coûts. Cela a pris beaucoup de temps. Mais ils ont réussi.

Professeur Michael Bargende

Existe-t-il vraiment une forte pression à l’innovation sur le marché des tronçonneuses ?

Elle est tout aussi forte que dans l’industrie automobile, mais différente. Les conditions générales sont toutes autres. Il est par exemple beaucoup plus important de réduire les vibrations sur une tronçonneuse. Vous devez tenir constamment un appareil pouvant atteindre 10 kilos. Il est très compliqué d’équilibrer parfaitement le moteur de sorte que le travailleur forestier puisse tenir confortablement la tronçonneuse. En matière de vibrations, il n’y a rien de plus redoutable qu’un moteur monocylindre.

Cela semble compliqué en effet.

Le moteur d’une Daimler peut atteindre 8 000 tours/minute lorsqu’il arrive dans le rouge, alors que le moteur d’une tronçonneuse monte jusqu’à 15 000 tours. Et à chaque tour, l’étincelle d’allumage doit être parfaitement synchronisée. Si vous cherchez une comparaison avec des moteurs de voiture, prenons celui d’un véhicule de Formule 1.

Professeur Michael Bargende

Vous avez certainement des appareils STIHL chez vous.

Je n’ai pas d’arbres qui justifierait l’achat d’une tronçonneuse. Et la tondeuse électrique que j’ai achetée est malheureusement un produit concurrent. Je n’ai pas chez moi d’appareil STIHL.